mercredi 25 mai 2011

Quatre femmes, cinq hommes et quelques répliques…

Vous imaginez bien que réunir une troupe de comédiens et d’artistes des deux rives de la Méditerranée et d’horizons personnels et artistiques divers, n’a pas été une mince affaire. Quelques mois de contacts, d’allers-retours, d’innombrables échanges de courriels, de conversations téléphoniques,etc.... Et autant bien sûr d’interrogations…Seront-ils tous là au rendez-vous du premier cycle de répétitions ? S’entendront-ils ? Le casting tiendra-t-il la route ? Bref, de nuits blanches en nuits blanches vous pouvez tout aussi bien imaginer le soulagement quand enfin les réponses sont là.

Surtout quand elles sont positives…


JOËLLE, LA DAME D’AVIGNON
Directrice de compagnie dans la cité des Papes, comédienne, créatrice et costumière, Joëlle a tout joué puisqu’elle peut tout jouer… Mais elle a son péché-mignon : le masque. Masque de caractère évidemment car elle n’en manque pas. Joëlle-Zanni, Capitan ou Pantalone, pour entrer dans le monde de la commedia dell’arte…et du rire ! Dans le monde de la générosité aussi, toujours prompte à inventer des évènements et des rencontres sur le thème du rapprochement des cultures et établir des passerelles entre les univers culturels. Dernière initiative en date : une « Nuit des printemps arabes » pendant le prochain festival d’Avignon. Joëlle chante Barbara et Piaf ; elle aime les frites –peut-être trop. Mais attention, elle peut être sectaire : Joëlle préfère la Méditerranée à l’Atlantique…
« La mère : Je ne sais pas ce que j'ai, j'ai l'impression que je ne le digère pas, ce tajine... »

BOUCHRA, LE SOURIRE DE LA CORNICHE 
Ici sur scène, là derrière la caméra si ce n’est pas devant, le reste du temps Bouchra le passe à son clavier pour l’écriture d’un scénario ou de sa chronique hebdomadaire pour la presse. Ses « Oranges amères » primées en 2007 l’avaient éloignée par la suite des planches mais la rencontre avec l’attachant et enivré personnage de Soumia, l’a convaincue de revenir sur scène. Elle y revient donc, à la rentrée en tant que comédienne mais auparavant en qualité de jury au Festival national de Théâtre professionnel de Meknès. Bouchra aime la corniche –sa corniche, le soleil, la salade, les olives - beaucoup les olives et Roméo, son chien, ce qui ne veut pas dire tous les chiens !
« Soumia : Ce chien, là, hadelkelb hada, il chantait ? »

ANNA, LA TANGEROISE DES COULISSES Dans un autre pays, un autre temps, Anna s’occupait d’humanitaire et s’essayait à l’improvisation théâtrale. Deux fibres sensibles et généreuses qui ne l’ont pas quittée de ce côté-ci de la Méditerranée. Présence maternelle bienveillante et occasionnelle auprès des jeunes de la troupe de la coopérative culturelle « Mémoire d’avenir », Anna était cette année l’insolente étudiante de «L’éducation de Rita», aux côtés de Philippe Lorin, de la «Comédie de Tanger». Mais la majeure partie de son temps Anna la consacre à sa famille, la vraie et à son réseau social tangérois, http://www.lescoulissesdetanger.com/ . Anna aime jouer, chanter, danser,(fou)rire… et parfois râler !
« Betty : La prochaine fois je viendrai en jupette ! »

ALEXIS, LE BEDAOUI DE LA BD
Comédien et metteur en scène à Casa, Alexis est au quotidien graphiste, illustrateur, dessinateur. Avec son petit bouc vertical qui lui barre le menton et son petit bibi style bob, il a le physique d’un héros de bande dessinée et comme probablement tout le temps et partout ailleurs, il passe son temps dans sa bulle, à croquer la vie et les autres, crayon à la main et cahier de dessin ouvert. Blogueur blagueur, Alexis n’est pas avare de bons mots…quoique… Il est même capable de vous chanter tout le répertoire de Bobby Lapointe pendant tout un déjeuner. Enfin si vous ne le trouvez pas à HEM, suivez le fil du cerf-volant rouge sur la plage de la baie, il devrait être au bout !
« Philippe : Tout le monde dit que j’ai bafouillé… «

ANAS, L’ASTRE DE CHEFCHAOUEN
Le philosophe de la troupe, à la fois lunaire et solaire…ou autrement formulé astral et théâtral, capable de vous fixer une demi-heure sans bouger un cil, avec un regard d’ange… ou de tueur. Anas a quitté sa ville bleue pour parcourir le monde du théâtre et de ses innombrables mythes, mais n’oublie jamais de venir se ressourcer sur sa terre natale pour se replonger en pleine méditation. Il redescend de ses montagnes plus lumineux que jamais, après avoir regroupé comme il dit ses « multiples moi ». Matin, midi, soir, il vous parle «paix du corps », « sérénité de l’âme », « rôle du Divin »…Quant à la nuit, motus et bouche cousue, elle lui appartient ! Mais comme le dit Alexis : « Il vaut toujours mieux avoir Anas dans son jeu… ». Un conseil : si vous le croisez, assurez-vous qu’il est bien réllement là, devant vous car Anas a une extra-ordinaire faculté d’abstraction…
« Mehdi : C’est décoratif, c’est comme un tapis mais vivant ! »

MESSAOUD, LE STANISLAVSKI DU BOU REGREG
« Peu importe que le jeu soit bon ou mauvais, ce qui importe c’est qu’il soit vrai »…Cette vision du théâtre, Messaoud l’a faite sienne et dicte tout son travail dans l’auditorium du «HEM Actor’s Studio» ! Pas surprenante donc cette référence permanente à Tchékov…Un air de famille ou un air de mouette, au fond…Casquette vissée sur la tête, grande vareuse kaki, sourire en coin, Messaoud mène son monde à la baguette, élégamment directif, tantôt complètement présent à vous suivre des yeux, à corriger le moindre geste, tantôt complètement absent, comme ensommeillé, évidemment en apparence seulement… quoique…parfois… Et parfois justement il indique si bien ce qu’il attend des comédiens qu’il pourrait jouer tous les rôles...à tour de rôle!  « Un air de famille au Maroc », un one-Messaoud-show ! Quoiqu’il en soit, ses mises en scène ont généralement marqué les esprits. On verra ce qu’en pensera le jury du Festival national professionnel de Théâtre de Meknès où sa dernière production est en compétition…
« Messaoud : Pause ! » (là, la cigarette n’est pas très loin…)
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BADRIA, LE COUP DE PATTE D’ASSILAH
Elle est en quelque sorte le rayon de soleil de la troupe : «toujours de bonne humeur, jamais une plainte», mais à la différence du Caruso de la pièce, elle s’affaire partout et tout le temps. Toujours là à crayonner, esquisser, gommer sur une feuille volante, du papier kraft, un emballage, bref sur le moindre bout de papier qui passe, même gras, mais surtout bien sûr sur son grand cahier de « chef décoratrice ». Badria a en effet la lourde tâche de matérialiser notre univers, inventer le décor de ce fameux « Assalam-Bienvenue » , ce café-restaurant franco-marocain, entre Grand Socco et médina, qu’elle voudrait si kitsch…Et puis créer aussi nos costumes. Et quand parfois elle pouffe de rire dans son coin, nous nous craignons le pire pour nos tenues de scène ! De toute façon, taquine et facétieuse, Badria passe son temps à pouffer de rire, à citer des proverbes et, elle aussi, à manger des olives…nos olives !
« Badria : Rira bien qui rira le dernier ! »

ALAIN, L’HOMME-CAMERA
Il ne joue pas, mais bouge tout le temps ; il ne met pas en scène mais ne cesse de mettre en boîte…Et pas que du film ! Alain, le temps d’une résidence à Tanger, président de la compagnie «Pompes, Macadam et Caméra » !... Il filme donc, prend des photos…et répond au téléphone, « des téléphones, il en a partout ; il adore téléphoner ! ». Et s’il téléphone, c’est qu’il adore parler: au bout d’une semaine il savait tout de la vie de chacun (ou presque !). Et au bout de deux semaines, le voici à son tour gagné par le virus. Ou plutôt, les virus : la mise en scène, la comédie, les thés à la menthe, les pageots grillés et les cornes de gazelle…Parce que Alain a une qualité première : il positive ! Ce que ne l’empêche pas de rester secret. S’il peut tout vous révéler, avec gourmandise, (si, si, c’est possible !) du monde de la chaussure (« Pompes »), il demeure discret sur ses autres talents. L’homme-caméra ne vous dit pas tout. Et pourtant lui aussi est un artiste, un vrai. Peintre et magicien !.
« Alain : C’est magnifique ! »

Hervé
Tanger, 24/05/2011

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